Comment protéger vos collaborateurs du travail dans le froid ?
Certaines activités sont confrontées tous les jours au travail dans les milieux froids : agroalimentaire, entretien des éléments frigorifique, BTP, transports… Mais le froid n’est pas sans risques pour vos collaborateurs, sans les équipements adéquats, il peut rapidement être mortel. Nous avons décidé de nous renseigner cette semaine sur les personnes qui travaillent dans les zones frigorifiques : quelle est la réglementation en vigueur, les équipements de protection individuelle et les risques encourus.
Travail dans le froid, qu’est-ce que c’est ?
On distingue deux types de froid :
- Les ambiances froides : ce sont les zones froides dont la température est inférieure à 5°C. Ces ambiances froides sont très nombreuses que ce soit en extérieur (BTP) ou en intérieur (agroalimentaire)
- Le froid excessif : lorsque les températures descendent à -25°C.
Pour le travail en extérieur, le vent est un facteur de risque aggravant, on appelle cela le refroidissement éolien. L’humidité est un facteur aggravant pour le travail à l’extérieur, mais également en zone réfrigérée.
Le travail dans les zones froides, que dit la loi ?
Malheureusement, le code du travail ne donne pas d’indication de température minimale. Mais certaines dispositions réglementaires sont tout de même mises en place pour assurer la sécurité des opérateurs. D’après l’article L4121-1 du code du travail, l’employeur doit mettre en œuvre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Ces mesures doivent prendre en compte les contraintes de températures, les risques encourus par les salariés et les mesures de prévention associées. Les jeunes travailleurs de moins de 18 ans ne peuvent pas être affectés à des postes les exposants à des températures extrêmes (chaudes ou froides) qui peuvent nuire à leur santé.
Comment protéger mes collaborateurs du froid ?
L’entreprise doit proposer des EPI adaptés aux conditions de travail de ses opérateurs. Les vêtements fournis par l’employeur doivent être conçu pour résister au froid et doit permettre au salarié d’avoir une bonne protection thermique :
- Port de vêtements chauds
- Gants et sous-gants
- Bottes fourrées
- Bonnet
L’humidité présente dans l’air dans les zones réfrigérée ou provoquées par la transpiration rend humides les vêtements de l’opérateur et donc l’expose d’autant plus au froid. Proposer le moyen de se changer ou de séchage peut aider à lutter contre le froid. Le choix des EPI doit respecter différents critères comme : leur efficacité contre le froid, le confort, la mobilité et la compatibilité avec les autres EPI portés. Pour être certain de la qualité des vêtements, vous pouvez vous appuyer à ces normes :
- EN1058 : convient pour les environnements modérément froids (température supérieure à -5°C)
- EN342 : ces vêtements sont adaptés aux températures inférieures à -5°C
- Les gants de protection doivent répondre à la norme EN 511
- Les chaussures peuvent être équipées de semelle isolante, elles répondent alors à la norme EN 345.
Adapter vos locaux peut également protéger vos collaborateurs. Un sol mouillé, par exemple, avec le froid devient une patinoire et peut être un facteur de risque important. Pour contrer cela, l’INRS préconise :
- La mise en place de mesures pour éviter la formation de givre et le risque de chute (Sas devant les portes, assécheur d’air)
- Mise en place de mesure afin d’éviter l’enfermement (ouverture manuelle de l’intérieur, dispositif sonore et visuel pour donner l’alerte)
- Issue de secours à ouverture intérieur et extérieur
- Matériel de manutention adapté ou résistant au froid (cabine chauffée, roues anti-dérapantes)
- Chauffage au sol pour les activités statiques comme le conditionnement ou la préparation de commandes
- Surveillance vidéo des lieux à risque ou dispositif déclenchant une alarme en cas d’immobilité prolongée.
Quels sont les risques du travail dans le froid ?
Le travail dans le froid n’est pas sans risques pour vos collaborateurs. Parmi les risques directement provoqués par le froid, on retrouve l’hypothermie. Elle est diagnostiquée lorsque la température corporelle est inférieure à 35°C, sa vitesse d’installation dépend de l’humidité dans l’air. Il y a trois types d’hypothermie : légère (température corporelle entre 35 et 32°C), modérée (entre 32°C et 28°C), hypothermie sévère (température corporelle inférieure à 28°C.). Vos collaborateurs peuvent développer des gelures, ce sont des lésions directement provoquées par le froid au cours d’une exposition plus ou moins longue. Vous pourriez développer le symptôme du « pied tranché », si vous travaillez dans des conditions humides et froides pendant 24 à 36 heures. Des réactions cutanées peuvent également se former comme les engelures, la xérose hivernale ou l’urticaire du froid. Vous pourriez développe des maladies respiratoires comme un bronchospasme. Le développement de pathologie cardiovasculaire en particulier coronariennes ou les AVC est favorisé par l’exposition prolongé au froid. Le froid sec favorise les TMS, car il faut davantage de force pour effectuer des actions. Notre métier est d’aider les gens sur leur lieu de travail, et réduire la pénibilité de celui-ci, pour cela nous ne souhaitons pas finir sur une note négative. Vous trouverez ci-dessous un récit qui aurait pu très mal finir sans la mise en place d’outils de prévention :
« Un cariste de 30 ans, de trois ans d’ancienneté, travaillant dans une entreprise de production de viande de volailles, se trouvait dans un entrepôt à –28 °C au milieu d’un palettier à douze travées mobiles. Il venait de déposer une palette au sol en dehors de l’allée et s’apprêtait à renouveler l’opération de prise de palette lorsqu’il a vu, avant même de monter les fourches, des colis congelés tomber du haut du palettier, puis le palettier lui-même s’écrouler. Le transpalette s’est trouvé enfoui pendant quatre heures sous les produits évalués à 100 tonnes, dans cette ambiance très froide et dans le noir. L’engin possédait une protection renforcée et un système de dégivrage des vitres jusqu’à 0 °C. Disposant d’un moyen de communication avec l’extérieur du local, le cariste a pu donner sa position et être secouru. » – IRNS « travailler dans une ambiance thermique froide » Décembre 2019.